Dis Moi L’Histoire, c’est d’abord une aventure théâtrale intergénérationnelle. Une classe de lycéens et une classe de collégiens sont partis à la rencontre de résidents d’EHPAD pendant plusieurs mois, dans le but de récolter leurs histoires et de les transmettre sur scène. Pendant toute la durée du projet, un vidéaste a suivi l’aventure afin d’intégrer les résidents au spectacle par le biais de la vidéo. La forme théâtrale qui en résulte a été jouée au théâtre Jean Vilar en mars 2019 devant un public conquis.

Tous les participants voient arriver la fin de cette aventure avec un sentiment doux amer, celui d’une belle aventure, riche en rencontres et en moments forts, qui touche à sa fin. Le fait que le spectacle ne puisse être joué qu’une seule et unique fois ajoute à ce sentiment. L’idée de transmission étant centrale au projet, il nous reste alors cette envie forte de raconter l’aventure Dis Moi L’Histoire, de la faire connaître au plus grand nombre : c’est ainsi que naît l’idée de réaliser un documentaire à partir des images tournées par le vidéaste. Ce film serait pensé dans la continuité de Dis Moi L’Histoire et des valeurs portés par le projet.

De manière générale, les gens se font une mauvaise image des EHPAD et, par extension, de la vieillesse. Nous avons aussi tendance à voir les ruptures entre les générations comme un fait inaliénable, contre lequel il ne sert à rien de lutter. C’est au besoin sociétal de briser ses barrières invisibles que répond ce documentaire : le passage par la vidéo et le Cinéma, médias populaires par excellence, semble être le moyen le plus efficace de transmettre au plus grand nombre une image nouvelle de ces générations et de leurs interactions possibles. L’image que la société nous renvoie nous a toujours façonné en retour : c’est donc en changeant cette dernière que nous parviendrons, peut-être, à aider ces « jeunes » et ces « vieux » à « bien veillir »… ensemble évidemment !

 

 

Mais ce que nous racontait aussi Dis Moi L’Histoire, c’était de réapprendre à voir dans le quotidien, l’habituel, la part de formidable et d’extraordinaire : cela se sent au travers des écrits des élèves, qui peuvent autant porter sur une histoire de guerre que sur un objet anodin, comme c’est le cas d’un très beau texte portant sur la sacoche d’un résident. C’est aussi de trouver la beauté dans l’autre, qu’il soit collégien issu d’un quartier dit « difficile », lycéen de centre-ville, ou une personne âgée dans un EHPAD. Ce sont donc toutes ces valeurs, vécues de manière frontale par les participants de Dis Moi L’Histoire, que l’on veut transmettre de manière sensible dans ce documentaire.

L’association Le Baril, qui est à l’origine même du projet, a d’ailleurs toujours porté ces idées dans ses créations : pensé comme un contenant d’artiste, ils se sont rassemblés pour donner vie, donner une existence à l’imaginaire, tout en restant ancrés dans le monde d’aujourd’hui et en lui faisant écho. Leurs créations sont un prétexte à aller vers l’autre : récoltant des récits et des bouts de vie, Le Baril s’appuie sur des faits de société. Le jeu des générations est aussi une idée portée dans bon nombre de leurs créations (avec notamment une adaptation de la pièce Les Chaises de Ionesco, mais aussi le projet Récolte(s)). Leurs créations mêlent à ces réalités leurs réflexions et leurs fantaisies. D’un spectacle à l’autre, ils ont créés en salle et/ou en rue pour des publics très différents (très jeune public, tout public, personnes en difficulté, etc.) ; chacun de leurs projets étant reliés par un univers commun qui oscille entre absurdité et réalisme, théâtre et musique, corps et texte.

Le projet est pensé en collaboration avec l’association Studio Fish, aussi connu sous le nom de son collectif : le Flying Fish. Depuis trois ans, cette association œuvre dans tous les domaines de l’audiovisuel possible, de l’éducation à l’image à la fiction pure en passant par des captations de spectacles, concerts, etc … Proche de la jeunesse, leurs ateliers adolescents comptent plus de huit productions au format court, ainsi qu’un moyen métrage de 50 minutes intitulé Virus 14. En parallèle, l’association continue la création d’œuvres plus personnelles, que ce soit par le biais de concours (prix du jury au concours 48 Hour Film Project Montpellier en 2016), ou en autoproduction, comme c’est le cas de leur dernière production qui est envoyé à divers festival à l’heure actuelle.

Le vidéaste du projet, Hugo Germser, cofonde le Studio Fish en 2016. Depuis ce jour, il prend part à des tournages en Occitanie et ailleurs. Il travaille avec plusieurs structures dont l’avenir est plus que prometteur : Marnie Production, L’Incroyable Odyssée, mais aussi les court-métrage Calvin et Marée Basse, sélectionnés dans plusieurs festivals. En 2018, il écrit puis coréalise le court-métrage En Paix, qu’il considère à ce jour comme son projet le plus abouti. L’idée du documentaire germe de discussions avec Virginie Nieddu, la metteuse en scène de Dis Moi L’Histoire : ils décident donc de coréaliser le projet en faisant jouer les forces en jeu dans leurs associations respectives (Le Baril et Studio Fish).

Portés par une équipe de passionné, le documentaire Dis Moi L’Histoire est une aventure en cohérence avec nos idéaux : ceux du Studio Fish et ceux du Baril. Si ce film raconte une rencontre entre deux générations, deux mondes, c’est aussi dans sa conception même qu’il porte nos valeurs. Conçu en région par deux associations ayant toujours voulu faire vivre la culture au sein de leur territoire d’origine, le documentaire raconte une aventure collective, mais il en est aussi une. À ce titre, Le Baril et le Studio Fish ont la ferme intention de collaborer à nouveau sur leurs prochains projets.